MALI

Billet de J.Ozog
Article : Intervention au Mali  ou comment masquer les difficultés intérieures

Quand Henri Guillemin dans les années 60-70 reprend dans des émissions sur la télévision Suisse, l’histoire de Napoléon, de la commune de Paris, de la révolution Française, ou de l’avant-première guerre mondiale et du colonialisme, il revient incessamment sur une des lois les plus malheureuses et les plus tragiques de la politique : lorsque sur le plan intérieur la contestation commence à se renforcer, alors il n’y a rien de tel que de détourner l’attention vers l’extérieur, vers l’étranger.

Déjà Bush père et Bush fils se sont joués deux fois du monde entier de la sorte : détournant la contestation de leur incapacité à régler les questions économiques et sociales intérieures à l’aide des guerres d’Irak et d’Afganisthan. Dominique de Villepin lui-même note ce dimanche treize janvier dans le JDD « L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la « guerre contre le terrorisme » m’inquiètent » lui qui en 2003, avait brillamment et avec flair défendu le « non » de la France à la guerre en Irak.

    Alors aujourd’hui, peut-on se poser la question suivante : Mais pourquoi partons-nous réellement en guerre au Mali ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi n’intervenons nous pas en Syrie alors ? Ou au Congo ? ou au Yemen ? Les réponses, j’en ai bien peur, ne seront guère glorieuses. Outre les immenses ressources du nord Mali, j’en vois une qui me révolte au plus haut point : c’est que le gouvernement cherche ainsi à dissiper la contestation partout en France.

    Même si je ne partage pas du tout le mouvement contre le mariage homosexuel, il me semble que nous ne pouvons que nous étonner d’une telle précipitation à lancer cette intervention militaire au moment où cette contestation prend corps. D’autant que cette contestation vient s’ajouter à celle que représentent les nombreux mouvements sociaux : Les taxis parisiens, PSA, Virgin, Florange, les Fralibs, les mouvements contre l’austérité, etc.

    On peut également être étonné de voir notre gouvernement prêt à faire des économies partout et à enfoncer la France dans la récession avec des plans de rigueurs qui, jusqu’à jeudi, paraissaient tellement vitaux, mais qui aujourd’hui ne semble pas empêcher l’Etat de se lancer dans l’une des politiques parmi les plus couteuses et les plus dangereuses : la guerre !

    Armement, transports des troupes et coûts des opérations au Mali, auxquels il va falloir ajouter le coût intérieur du plan Vigipirate servant à freiner les menaces terroristes fictives ou réelles que nous aurons nous même déclenchées. Comme quoi ! Quand on veut on peut ! Espérons que ce volontarisme se déporte bientôt vers d’autres ennemis de la « civilisation » : la pauvreté, l’ignorance, le mal logement, la protection de l’environnement et la sauvegarde des ressources naturelles…

    C’est donc un appel à la vigilance et à la réflexion avant tout emportement que je lance à tous les citoyens, à leurs représentants de tous ordres, ainsi qu’au gouvernement.

OZOG Jérémie, Grasse, le 13/01/20013

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